Ainsi s’en va le temps et toujours s’enfuyant,
Demeurent souvenirs sans cesse travestis,
Embellis, offusqués, souvent trop bredouillant,
Repris, évaporés et petit à petit…
Quand l’avenir s’écourte, alors on se replie
Sur un passé que l’on voudrait bien raviver,
Mais rien n’est comme avant et notre panoplie
S’effiloche sans qu’on puisse la rénover.
Le temps n’empêche point un vol inexorable
Et vouloir l’arrêter c’est mettre le mot "fin"
Au bout de la chaîne d’instants invulnérables
Où tout sera acquis butant sur ses confins.
Le "temps s’échappe et fuit"* et rien ne le retient :
Ne restera de lui que ce que la mémoire
Aura gardé comme ce à quoi elle tient,
Tout le reste effacé dans notre vieux grimoire.
Au fil du temps se perdent alors toutes traces :
Notre esprit racorni ne peut les retenir…
Mais la mort très bientôt d’un seul coup les embrasse
Dans l’embrasement qu’elle ne peut retenir. (6/11/16)
* d’après Lamartine. Le lac