Quatre-vingts ans déjà, la mémoire défaille :
Ne serait-ce que l’ultime péripétie
Avant d’être jeté dans la cruelle faille
Qui nous avalera, selon la prophétie ?

On oublie à l’instant ce que l’on vient de faire,
On cherche en sa mémoire et on ne trouve rien
On se donne pourtant ce qu’on croit de repères,
Mais devient nulle notre tâche d’historien.

Le vide a creusé comme un tout dernier rempart
A ce que l’on recherche et qui a disparu,
Le deuil en sera fait, mais sans un faire-part,
Ce qui nous aurait sans doute bien secourus.

L’on se retrouve tout à coup face au néant :
La vague de l’oubli emporte en un ressac
Ce que l’on peut chercher en vain dans l’Océan,
La mémoire soudain toute réduite à sac.

Alzheimer ainsi accomplit bien son œuvre,
Peut-être est-ce aussi une chance d’oublier,
Mais quelle que soit la bonté de ses manœuvres,
Il est des fois où l’on ne peut que supplier. (27/01/2017)