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Après les attentats de Paris, la puissance publique mise à l’épreuve

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

ATTENTATS - Dix mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, un tel événement tragique était-il prévisible à Paris ?



L’engagement récent de nos forces en Syrie et la justification de la nouvelle loi sur le renseignement (récemment adoptée par le Parlement) ont été explicitement présentés par le gouvernement comme des préparations face à de possibles attentats futurs sur notre sol. Devant le Parlement, le Premier ministre Manuel Valls a lui-même évoqué la capacité des terroristes à mener des attentats d’une ampleur inédite jusqu’alors. Plus tard le gouvernement a justifié les frappes en Syrie et en Irak comme des mesures préventives pour tenter d’entraver l’action de ces réseaux. Aujourd’hui, ces événements pourraient sembler légitimer a posteriori ces mesures. En fait à ce stade de nos connaissances on peut établir une corrélation mais pas une causalité directe entre les deux.



Soldats dans les rues de Paris, augmentation des moyens alloués aux forces et services de sécurité : ces attaques simultanées ne révèlent-elles pas une forme d’impuissance de l’État ?



Par définition, nous ne maîtrisons pas l’agenda, ce sont les terroristes qui le fixent. La décision de frapper les réseaux terroristes en Syrie pouvait apparaître comme une tentative de reprendre la main de la part de l’exécutif. Mais, en quelque sorte, on court toujours après l’attentat suivant. Même si le niveau de sécurité était parfait, même si les mailles du filet étaient resserrées, on ne pourrait pas être certain de mécaniquement entraver des actes de ce type. Mais il est clair qu’après les attentats de janvier, et plusieurs mois de discours tenus sur le renforcement de la sécurité par les autorités, celles-ci n’ont pas été en mesure d’éviter une attaque terroriste majeure.



Déjà très sollicitées dans des opérations dans le Sahel et au Moyen-Orient, ainsi que sur le sol national avec l’opération Sentinelle, les forces de sécurité françaises ont-elles les capacités de faire face ?



On est face au scénario noir redouté par les autorités : plusieurs attaques menées de manière simultanée dans différents endroits par des terroristes prêts à mourir. Notre dispositif de sécurité n’est sans doute pas débordé, du moins pas encore. Les attaques d’hier ont été circonscrites sur un laps de temps relativement court. Mais nous n’en sommes pas encore au niveau de tension maximale. Le GIGN [Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale] n’a pas été sollicité hier, à ce que l’on en sait. En revanche, il est clair qu’on est en train de se rapprocher d’un seuil de violences où notre dispositif risque d’atteindre ses limites. C’est pourquoi, au cours des derniers mois, des exercices militaires conjoints ont été menés avec nos partenaires britanniques, belges, allemands. Hier, ils étaient sept ou huit terroristes. Et si, demain, ils étaient une trentaine ? Nous savons que nous pourrions compter sur nos alliés.



Les attentats d’hier ne révèlent-ils pas, malgré tout, les limites de l’approche sécuritaire de l’État ?



L’enjeu pour l’exécutif va être dans les heures et les jours qui viennent de restaurer un sentiment de confiance. Notre État a des moyens, il est puissant. A la suite de l’état d’urgence, qui a été décrété hier soir par le chef de l’État, on peut s’attendre à une traque très brutale, très virulente, des complices des terroristes mais aussi d’autres groupes qui ont pu être identifiés comme étant menaçants. Les autorités peuvent assigner des personnes à résidence, mener des perquisitions à toute heure... Il donne aux autorités une très grande latitude pour engager la puissance publique.



La nécessité de garantir la sécurité intérieure ne va-t-elle pas remettre en question les engagements militaires extérieurs ?



Après les attentats de janvier, l’opération Sentinelle a été lancée un peu comme si la France était devenue elle-même un théâtre d’opérations. L’État a profondément fait évoluer son dispositif de sécurité intérieure ces dernières années, et va continuer de le transformer. Sans pour autant remettre en question ses engagements dans le Sahel et au Moyen-Orient, où elle n’intervient pas seule, il faut le rappeler. Par un effet de mimétisme avec la doctrine américaine, nous avons adopté l’idée que nous devions projeter nos forces à l’extérieur pour garantir notre sécurité intérieure. Est-ce efficace ? Ce n’est pas certain. Depuis le lancement de la guerre contre le terrorisme par les États-Unis au lendemain des attaques du 11 septembre 2001, je note qu’on est passé de trois à cinq foyers de terrorisme irréductibles à plus d’une dizaine. En ce sens la "Global War on Terror" initiée par G.W. Bush peut être vue, globalement, comme un échec.



Les attaques de vendredi soir à Paris ont été revendiquées par l’État islamique. Comment faire face à ce défi ?



Toutes les démocraties, et pas seulement la France, sont menacées. Le seuil de la menace terroriste augmente. Et l’on peut se demander s’il y a un lien entre l’attentat contre l’avion russe en Égypte, ceux dans un fief du Hezbollah à Beyrouth et ceux à Paris vendredi soir. De deux choses l’une : soit il s’agit d’une réaction de faiblesse de Daesh qui serait en difficulté sur le terrain et jetterait en quelque sorte ses "derniers feux" contre les Occidentaux, mais je ne suis pas un expert de Daesh pour le dire, soit à l’inverse, et c’est bien plus vraisemblable, l’État islamique démontre là des capacités de coordination au niveau géostratégique qui sont évidemment très inquiétantes.



Une nouvelle loi sur le renseignement, qui a suscité la polémique en France, a été récemment votée. Est-elle adaptée à la menace terroriste ?



L’accent a beaucoup été mis sur les interceptions et sur les écoutes. Est-ce la bonne méthode ? L’enjeu, nous le savons bien, ne réside pas seulement dans la collecte du renseignement, mais aussi et surtout dans son analyse. Le renseignement suppose un temps long, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact des nouveaux moyens alloués aux services de renseignement. Le débat entre experts du renseignement est intense à ce sujet.



The Conversation

Ce article a d’abord été publié sur The Conversation. Lire l’article original.



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